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Les Spectacles de la Foire.
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Louis Villot-Dufey et Paul Poiffon, comédiens du Roi, tant pour eux qne pour leurs conlbrs : Lefquels nous ont dit qu'au préjudice des arrêts de la Cour du 2 janvier 1709 et 6 février 1710 enfemble de l'arrêt du confeil dn 17 avril 1709 qui font défenfes aux danfeurs de corde de faire fervir leurs théâtres à d'autres ufages qu'à ceux de leur profeffion, ni de repréfenter la comédie en aucune manière, la demoifelle Baron, femme de Baron, comédien, fait journellement repréfenter fur fon théâtre, à Ia foire Saint-Laurent, pa: plufieurs acteurs et comédiens de campagne, la comédie d'Arlequin à la guinguette, compofée de plufieurs fcènes et entrées de ballets et d'un orcheflre compofé dc plufieurs inftrumens, laquelle comédie elle a fait imprimer et la fait vendre et diftribuer au public. Ce qui fait à la troupe des comparans un tort très-confidérable qui les ruine, et comme ils ont intérêt de fe pourvoir contre ladite demoifelle Baron pour empêcher la continuation de fon entre-prife, ils font venus nous rendre contre elle la préfente plainte et nous ont requis dc parapher avec eux un imprimé dc ladite comédie couvert de papier marbré qu'ils nous ont repréfenté intitulé Arlequin à la guinguette, contenant 31 feuillets, et de nous tranfporter cejourd'hui au fpectacle de ladite demoifelle Baron pour dreffer procès-verbal de la contravention.
Signé: Villot-Dufey ; Delathorilliêm.; Poisson.
Sur quoi nous fommes, ledit jour, tranfporté au préau de la foire Saint-Laurent, dans la loge de la troupe du Bel-Air, tenue par ladite demoifelle Baron. Où étant nous avons vu, après les danfes de corde finies, repréfenter par différens acteurs ct actrices une efpèce de comédie qui a pour titre : Arlequin à la guinguette, fur un théâtre éclairé de fix luftres de criftal, entouré de doubles rangs de loges, de trois rangées de formes fermées à chaquc bout de baluftrades de fer, orné de toile volante et de décorations à couliffcs ; au pied duquel eft un orcheflre et dans icelui fix particuliers jouant, trois de deffus de violons, un de haut-bois, et deux de baffes de violons. Avons remarqué que Ia pièce, qui a commencé par un prologue, a été fuivie d'actes et fcènes liées, mêlée d'entr'actes, de peu de fauts et de plufieurs danfes d'un, de deux, de quatre, de fix et même de huit defdits acteurs et actrices, au fon des airs que l'orchcftre a joués ; que les acteurs ont fait entendre leur pièce à la faveur de plufieurs grands écriteaux contenant, en gros caractères très-lifibles, leurs noms et des vaudevilles qui renferment ce qu'ils s'entre-difent, dont l'orchcftre a annoncé les airs que les fpectateurs ont chantés et répétés; que Icfdits acteurs et actrices dont les principaux font Arlequin, le Capitan, la Fée et Columbine, fans fe parler entre eux effectivement que par leurs mines et gefles, fe font, à la faveur defdits écriteaux qui fe font fuivis du commencement à la fin, fait entendre diftinctement des fpectateurs. Et, dans tout Ie cours dc la pièce, ont paru fur le théâtre un, deux, quatre, fix, huit acteurs et tous enfemble et que la pièce, qui a fini par la nouvelle danfe du Caprice de l'Opéra, qui fe joue à préfent, qu'Arlequin a danfée en
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